Les cerises bleues des horloges

montres-molles-dali

Le temps.

Cette valeur abstraite qui nous titille et à laquelle nous voulons nous accrocher.

Est-ce lui qui avance, semblable à une rivière imperturbable, ou nous, êtres vivants ou croyant vivre, qui reculons en son cours? Il a cette capacité qui paraît étrange et commune en même temps, de s’étirer et de se raccourcir, à son bon vouloir, libre et solitaire.

Ces heures qui passent telles des minutes, et ces minutes qui passent telles des heures ! Qui n’a pas déjà prié pour qu’il s’arrête, et qu’un moment devienne éternel, ou, au contraire, pour qu’il finisse sur-le-champ ?
Nous aimons le temps et le détestons, nous pensons le manipuler et le connaître, alors que ses fils sont impénétrables. Ainsi Arachnée qui, ayant l’arrogance de tisser mieux qu’Héra, se transforma en araignée et tissa pour toujours, ainsi nous, hommes, serons toujours empalés sur les aiguilles des montres…

Nous naissons dans ses bras, avançons dans ses mains, tombons de ses doigts.

Il nous faudrait le fil d’Ariane pour nous en sortir.

Elfie Saccoman

image : « les montres molles » de Dali

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized

dérèglement climatique

soleil montagnes

au coin de tes cheveux
sur la cime de tes arbres
dans le creux de tes longueurs
d’onde

je trouve ton soleil
mais aussi l’ombre de pierre
de mes montagnes
qui filent

Brice Liaud

photo : Radu B.

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized

kit de survie lexicale (et néanmoins sentimentale)

gloubi-boulga
un strafulgar
une séance de sinécure
un nuage tête en l’air
un vieux 9 sans jaune

un narbre porte-feuilles
une étoile de chocolat
un père noël en bikini
un massage à deux pieds

une autruche unijambiste
un refrain de fromage
un escargot séducteur
un sourire à sucettes

un vers sans pied
une patate sexy
un coiffeur au pays des chauves
les cailleras de l’opéra

un somnibule
le chameau de cheshire
une fille aux tympans orange
un maelström de pandas

vous pressez ce gloubi-boulga
dans le triangle de vos cheveux
et vous allez rendre l’apesanteur
riquiqui

la team Génépi :
Elfie Saccoman, Guillaume Nicolussi Castellan, Brice Liaud

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized

La portée des sentiments

the-fiddler-1913

Solfège et Béatitude!
Oh, elle, ma muse, mes rêves,
N’entendez-vous pas le bruit des ailes?
A l’amour d’un être, je prends la mélodie.
Tourbillon de dièses oniriques,
A la musique, levons nos verres!
Ah, je bois et je bois encore.
Ridicule? Saoûle? C’est le songe symphonique!
Comment oublier dans la souffrance?
Tout s’efface mieux dans l’extase:
Incohérences et paradoxes, dans mon bois secret,
Coquelicots et roses bleues poussent à la chair d’une voix,
Au rythme des instruments, au rythme de mon âme!

acrostiche d’Elfie Saccoman

image : The Fiddler – Marc Chagall

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized

le narcissisme des aveugles

Brice bateau
le sécuritarisme des sentiments
les décisions des peuples absents
les sifflements perçants du sang

l’arrogance des insouciants
la fierté des fainéants
la couardise des puissants

la perfusion des aiguilles du temps
la pérennité des pleurs d’enfants
la douceur des cris du vent

m’animent et me font peur

texte & illustration : Brice Liaud

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized

rire de fer

imagine poème Guillaume

fantômes-miroirs

au regard oblique

voyez vos fiertés

poussées par le vent

menées chez le juge

de l’avant-crime

ce souffle puissant

noircissant leur chant

qui grince ses répliques

mécaniques

sur ses grands airs

sous un rire de fer

je prie

pour que le tonnerre des pas

gronde

et achève de séparer

mon cœur

le sort est entre vos mains

je m’enfuis

faites donc qu’un jour

si le ciel se meurt

je puisse vivre

et dormir sur ce monde

car vous y aurez fait fleurir

l’enfer

Guillaume Nicolussi Castellan

image : D. Dinkov

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized

songe manuel

dessin brice poissons

dans mon ciel les nuages en ruines
s’écroulent sous le poids des idées reçues
dans son élan le vent a mis à nu
les clichés d’un monde révolu

entre mes mains les galaxies noires
se cachent pour garder l’espoir
et les planètes errantes que nous sommes
se retirent dans leurs tours d’ivoire

dans mon ciel limpide résonne
le souffle des cheminées au cœur morne
et le trou dans la couche d’ozone
s’efface dans un rêve pop-corn

texte et illustration : Brice Liaud

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized

En panne de lecture ? #lephiltredesnuages !

« Le philtre des nuages et autres ivresses » est un recueil de poésettes (des poèmes sans prise de tête) écrit par votre serviteur, Radu Bata.
Il remplace avec une certaine désinvolture les bras de votre petit(e) ami(e) 🙂
Un corps à corps avec « Le philtre des nuages… » c’est l’apesanteur sans l’apesanteur ❤
Alors prenez l’envol à cheval sur un nuage poétique ! :*

Radu01-B-2

Pour en savoir plus et, éventuellement, l’acquérir : http://www.editions-galimatias.fr

Le GIF animé est réalisé par Hervé Prévitali

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized

Un mur d’incompréhension

Image

Aujourd’hui, je devais me rendre chez un Nami pour lui emprunter une asymptote qu’il avait mise toute une semaine à dresser. J’avais entendu dire que sa maison était spéciale, j’y allai donc de bon cœur. Sur la route, je tentais d’imaginer ce qui m’attendait. Mais, une fois arrivé devant la maison, ou, du moins, là où elle était censée se trouver, je compris que je manquais cruellement de fantaisie.

Face à moi, s’étendait une cours intérieure, au fond de laquelle le pas de la porte sans porte était resté à sa place, mais je sentais bien en lui une folle envie d’aller rejoindre les murs, ce qui pouvait expliquer les petits sauts qu’il effectuait inlassablement sur lui-même, comme un Nenfant impatient.

Les murs, eux, avaient quitté leurs lits et couraient dans la cour comme piqués par une mouche. Ils tournaient à une vitesse folle mais, par chance ou talent, aucun n’entrait en collision avec les autres. Les pauvres cadres, étagères, pots de fleurs, ainsi que tout ce qui pouvait s’accrocher à un mur, tiraient une langue dont la couleur variait, et avaient peine à suivre ces chorégraphies folkloriques. 

Parfois, un mur se jetait à plat ventre, et glissait sur le sol, ce qui provoquait un grand nuage de poussière. Certains, suite à une chute, se brisaient, ce qui avait pour effet de donner naissance à de nouveaux petits murets, qui suivaient alors à leur tour le mouvement en se mettant à gambader avec leurs Zaînés.

Les arbres de la haie, accompagnés d’outils – sécateur, cisailles, pelles – avaient entamé une danse de la pluie autour d’un juron, lui-même peu convaincu de l’utilité de le manœuvre. J’en étais bouche bée, j’avais l’impression que mes yeux étaient sortis de l’orbite et mon esprit avait perdu pied. Mais d’autres surprises m’attendaient : dans un coin du jardin, écarté de la ronde, les mauvaises herbes s’étaient rassemblées et organisaient tant bien que mal un débat sur les méfaits de l’exode rural des vers de terre.

A côté de moi, sur ma droite, gisait le seul buisson qui visiblement était bien décidé à ne pas aller rejoindre ses camarades. Derrière lui, se dissimulait maladroitement l’escalier menant au premier et d’ailleurs dernier étage, la commode du salon, le lavabo de la deuxième salle de bain, la placard à chaussures du hall d’entrée, et le lustre. Tous ces éléments affichaient un petit rictus mesquin ; ils étaient en train d’asperger les rideaux, la baie vitrée, la terrasse, les matelas et le réfrigérateur, de personnifications gluantes récupérées dans le gosier du sèche-cheveux qui s’était littéralement vidé les tripes, quelques murs plus loin.

Tout l’électroménager semblait terrifié par la folie furieuse qui animait chaque objet de la maison, et avait fui la scène en essayant de se cacher sous le tapis, qui se débattait énergiquement, ne se laissant pas faire.

Dans tout ce Strafulgar, je réussis à distinguer, malgré les petites gouttelettes que produisaient les cascades des murs, mon Nami. Une baignoire sur la tête et le pommeau de douche dans une main, une passoire dans l’autre, en plein rodéo sur la table de la salle à manger qu’il chevauchait comme un damné. Cette dernière était particulièrement agitée et poursuivait avec acharnement les chaises, le tabouret et le canapé.

Halluciné par cette série de scènes invraisemblables, je restais planté dans l’entrée en me demandant si je devais fuir illico cette maison dont je ne comprenais guère les mécanismes, ou bien me jeter à plat ventre par terre en attendant les secours, sage comme un poêle en été.

 Je décidai finalement de trouver un moyen de locomotion pour parvenir jusqu’à la sortie, tout en évitant de me faire percuter par un mur plus enthousiaste.

Tout à coup, j’observai que la danse murale ralentissait, les plantes retournaient à leurs emplacements respectifs, les jets de personnification cessaient et le rodéo de mon Nami allait s’essouffler dans la maison. Les effets étaient visibles :  l’électroménager commençait à sortir lentement de dessous le tapis et se dirigeait résigné vers sa place en reprenant des couleurs et des formes plus connues.

Petit bémol : je me trouvais à présent sur le pas de la porte, auquel manquait toujours la porte, ce qui était problématique puisque je ne pouvais toquer nulle part. 

Je me retournai, cherchant l’absente du regard, quand apparut au loin un interrupteur très haut sur pattes qui se dirigeait à une vitesse X dans ma direction Y. Il n’était plus qu’à quelques mètres de moi quand il s’arrêta net comme s’il avait vu l’électricien. Il s’assit à côté de la porte qui n’était toujours pas là. Il me dévisageait, un poil déprimé. Il y avait un message gravé sur sa tête : « Appuyez sur le bouton pour appeler la porte ». 

Je suivis la suggestion et pâte à crêpes : Mon Nami ouvrit la porte, un sourire à la main. 

texte et illustration : Brice Liaud

http://briceliaud.wordpress.com/

 

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized

le bourdon

Image

une fois la chair abattue

et l’utopie consommée

je vis en levant les yeux

au dôme ta bouche

me darder un baiser

 

Amina Tsougaev

Poster un commentaire

Classé dans Uncategorized